Je ne m’étais jamais vraiment intéressée à l’histoire de Balenciaga. Mais un article à son propos a retenu mon attention. En 1939, la presse française le décrivait comme une « force révolutionnaire » dans le milieu de la mode. Les clients semblaient être prêts à tout pour avoir accès à sa collection. Les plus grands créateurs l’admiraient. Coco Chanel disait « C’est le seul d’entre nous qui est un vrai couturier » et Christian Dior le surnommait « notre maitre à tous ». J’étais intriguée par ce créateur qui faisait vibrer le monde entier. Après quelques recherches, j’ai vite compris pourquoi il était surnommé « le maitre » ou « le couturier des couturiers ».
Son enfance
Cristobal Balenciaga nait le 21 janvier 1895 à Getaria en Espagne. Il a un frère, Juan Martin, et une soeur, Augustina. Le père meurt jeune laissant la mère sans ressources. Elle travaille en tant que couturière pour subvenir aux besoins de sa famille. Très tôt, Cristobal est fasciné par le travail de sa mère.
Ses premiers pas dans le milieu de la mode
A seulement 12 ans, il a déjà sa première cliente: la Marquise de Casa Torres, une aristocrate populaire dans sa ville. Remarquant le don de Cristobal, elle l’envoie à Madrid pour une formation chez un tailleur et porte elle-même les créations du jeune garçon. Balenciaga était l’un des rares couturiers à confectionner, couper, coudre, … de ses propres mains du début à la fin.
Un rapide succès
Il ouvre son premier établissement sous le nom de « C. Balenciaga » à San Sebastian alors qu’il a à peine 22 ans. Dans les années 20, il en ouvre un second à Madrid puis un troisième à Barcelone. Ces deux derniers étaient appelés « Eisa », la version courte du nom de jeune fille de sa mère (Eisaguirre). Il connait un grand succès dans son pays, notamment auprès de la famille royale espagnole et des aristocrates.
Consécration à Paris
La guerre civile espagnole l’oblige à fermer ses maisons de couture. Il se rend à Paris et rejoint les couturiers du moment. Il ouvre une maison Avenue George V et la nomme « Balenciaga ». En août 1937, il organise son premier défilé dans son atelier. Sa collection est fortement influencée par la Renaissance espagnole et connait un grand succès. Balenciaga crée pour une femme spécifique: elle a plus de 25 ans, se déplace avec énergie et grâce. Il tient aussi à ce que ses vêtements ne soient pas vus sur des femmes trop minces. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, les clients se risquent à traverser l’Europe rien que pour ses créations.
Quand Balenciaga révolutionne la mode
Après la guerre, ses créations sont plus simples et plus linéaires. Elles sont très différentes de ce que Christian Dior apporta avec le « New Look » en 1947. Balenciaga refuse cette mode trop cintrée et favorise les lignes fluides. Il change ainsi la façon d’habiller la femme. En 1951, apparait la ligne tonneau, avec des dos arrondis et des tailles non cintrées. En 1953, il lance la veste ballon. Quelques années plus tard, il crée la tunique puis la robe sac ou encore la robe Baby Doll. Balenciaga réussit ainsi à faire ce qu’il considérait comme étant sa plus importante contribution au monde de la mode: créer une nouvelle silhouette pour la femme.
La veste ballon
La robe sac
La robe Baby Doll
« C’était une vie de chien »
Tels étaient les mots que Balenciaga prononçait au Times en 1971 lors de l’unique interview de toute sa carrière (il n’aimait pas la presse et se montrait d’une très grande discrétion). En 1968, il n’accepte pas les nouvelles moeurs de la société française. Il considère que le luxe et l’élégance n’existent plus. Il ferme toutes ses maisons de couture (ses neveux reprendront la marque quelques mois plus tard). Suite à cet arrêt total d’activité, on raconte que Mona Bismarck, une cliente fidèle, s’est enfermée pendant 3 jours dans sa villa à Capri, incapable de s’imaginer sans les vêtements de Balenciaga.
Une influence toujours présente
Cristobal Balenciaga décède le 24 mars 1972 en Espagne d’une crise cardiaque. « Le Roi est mort » écrira Susan Irvine dans Vogue. Mais il est immortel car son influence se fait toujours sentir aujourd’hui. Le look moderne qu’il a crée a été prolongé par André Courrèges et Emmanuel Ungaro, qui étaient apprentis dans son atelier, ainsi que par Hubert De Givenchy qui ira même jusqu’à dire: « Balenciaga était ma religion! ». Suite à sa disparition, une cliente de longue date avait dit: « Les femmes n’avaient pas besoin d’être parfaites ou belles pour porter ses vêtements. Ses vêtements les rendaient belles. ».