Il est l’incarnation même de la haute couture et de l’élégance à la française. Son « New Look » a révolutionné la mode féminine à tout jamais. Doté d’une créativité inégalable et d’un sens des affaires visionnaire, il est connu pour être le plus grand couturier de tous les temps. Chacune de ses pièces représente un rêve.
Mesdames et messieurs, je vous présente Monsieur Christian Dior.
Son enfance
Christian Dior nait le 21 janvier 1905 à Granville, en Normandie. Il est issu d’une famille d’industriels qui a notamment inventé la célèbre marque de lessive Saint-Marc. Il est le deuxième des cinq enfants d’Alexandre-Louis-Maurice Dior, qui possède une importante affaire d’engrais, et de Marie-Madeleine Martin, sans profession. Cette dernière adorait les jardins et transmettra cette passion à son fils. Son style « Belle Époque » restera également gravé dans la mémoire de Christian et influencera ses créations futures. À 14 ans, il rencontre une voyante qui lui prédit: « Les femmes vous sont bénéfiques et c’est par elles que vous réussirez ».
Son entrée dans le monde de l’art
Christian Dior porte un grand intérêt au domaine de l’art et de l’architecture. Malheureusement, sa mère souhaite qu’il suive une carrière diplomatique et, selon sa volonté, il commence des études à l’École des sciences politiques de Paris mais arrêtera au bout de 3 ans. Durant cette période, il côtoie le milieu artistique aux côtés de Jean Cocteau, Max Jacob, Salvador Dali et Christian Bérard. En 1928, avec un ami, il ouvre une galerie d’art que son père accepte de financer sous la condition que son nom de famille ne lui soit pas associée. Dans son autobiographie, Christian Dior expliquera: « Notre ambition était d’y exposer autour de grands maîtres que nous admirions le plus : Picasso, Braque, Matisse, Dufy, les peintres que nous connaissions personnellement et estimions déjà beaucoup : Christian Bérard, Sa lvador Dali, Max Jacob, les frères Berman… ».
Ses années noires
En 1929, la crise éclate. La Grande Dépression met fin à son activité de galeriste et lui fait mener une vie de misère. Il perd son appartement et est contraint de dormir chez un ami. Parallèlement, sa mère décède et son père, ruiné à cause de la crise, vend la villa de Granville, maison d’enfance de Christian Dior à laquelle il tenait tant (elle est aujourd’hui transformée en Musée Dior). Ces années noires le font vivre dans des conditions de vie précaires. Il contracte la tuberculose et passe un an en convalescence.
Ses débuts dans la mode
Mais Christian Dior survit à cette période difficile et décide de vivre pour ce qui le fait réellement vibrer: le dessin. Grâce aux contacts de l’illustrateur Christian Bérard, il vend ses premiers croquis de chapeaux et de robes à des journaux et à des maisons comme Nina Ricci ou Balenciaga. Il est ensuite engagé en tant qu’illustrateur au Figaro Illustré. C’est en 1938 qu’il s’implique réellement dans la mode. Il est engagé par Robert Piguet, couturier suisse, en tant que modéliste. Il signe trois collections puis est appelé sous les drapeaux durant la seconde guerre mondiale.
Une maison Dior/Balmain aurait pu voir le jour
Démobilisé, Christian Dior revient à Paris en 1941. Il entre dans la célèbre maison Lucien Lelong toujours en tant que modéliste et travaille aux côtés de Pierre Balmain. Il se voit proposer un poste de directeur artistique aux côtés de Pierre Balmain mais Dior refuse. Une maison de couture orchestrée par les deux grands couturiers a failli apparaitre…
La naissance de la maison Dior
L’ambition de Christian Dior de créer sa propre entreprise est encouragée par le succès fulgurant que connait Pierre Balmain dès l’ouverture de sa maison de couture en 1945. Par chance, cette même année, Dior rencontre Marcel Boussac, millionnaire et industriel appelé « le roi du coton » qui finance, l’année suivante, 60 millions de francs pour la création de la maison Dior au 30 avenue Montaigne. À 41 ans, Christian Dior se lance enfin dans sa véritable vocation.
Le New Look devient une légende
Le 12 février 1947, Paris s’extasie. Dior présente sa toute première collection: la collection Corolle. En un seul défilé, il révolutionne la mode féminine toute entière. Avec cette collection, il veut sortir de la tristesse et de l’austérité de la guerre et redonner aux femmes leur pouvoir de séduction. Le défilé s’orchestre autour de lignes cintrées avec le fameux tailleur Bar, la sublime robe Corolle ou encore le sauvage fourreau Jungle. Son objectif: « des femmes-fleurs, aux épaules douces, aux bustes épanouis, aux tailles fines comme des lianes et aux jupes larges comme des corolles ». Nous devons le nom « New Look » à Carmel Snow, la rédactrice en chef du Harper’s Bazaar qui s’est exclamée suite au défilé: « It’s quite a revolution, dear Christian ! Your dresses are wonderful, they have such a new look ! ».
« No Dior, No Dietrich ! »
Le succès de la collection est tel que toutes les femmes ne jurent plus que par lui: Rita Hayworth, Marilyn Monroe, Ava Gardner, Lauren Baccall, … Dior leur devient indispensable. Lorsque les producteurs de cinéma tentaient de lui faire porter autre chose, Marlene Dietrich était ferme: « No Dior, No Dietrich ! ».
Son expansion dans le monde entier
Christian Dior possédait un aplomb commercial exceptionnel. Dès 1947, il se rend aux États-Unis et comprend la valeur du marché américain. Il crée Christian Dior New York Inc et ouvre plusieurs boutiques aux Etats-Unis. Son expansion continue durant plusieurs années et il fabrique un véritable empire. En 11 ans, Dior s’étend dans plus de 15 pays et représente plus de la moitié des exportations de la couture française.
La révolution Dior continue
A chacune de ses collections (il y en aura 22 au total), Christian Dior crée une nouvelle silhouette. En 1948, il lance les lignes « Zig Zag » et « Envol » faisant référence à la mode des 18ème et 19ème siècles. Pour sa collection de l’été 1953, il propose la ligne « Vivante » qui est caractérisée par une taille plus souple et des jupes plus courtes. À partir de 1954, il s’inscrit en rupture avec le New Look et lance la ligne « H » qui renonce à marquer la taille tout en valorisant le buste pour libérer la femme des contraintes. Chaque ligne, chaque collection s’adapte à l’évolution et au mode de vie de la femme. Christian Dior a inventé la mode moderne.
Le plus grand de tous
Admiré par Balenciaga et Balmain, jalousé par Chanel, copié par de nombreux couturiers, Christian Dior était le plus grand de tous. Il décède d’un crise cardiaque le 24 octobre 1957 lors d’une cure en Italie. Il venait tout juste de présenter sa collection « Fuseau » aux côtés de son assistant Yves Saint Laurent.
Le roi est mort. La haute couture a perdu son maitre ce 24 octobre 1957. Christian Dior a mené une révolution durant 11 années. Il a inventé l’élégance et la modernité. La mode féminine lui doit beaucoup. Heureusement, sa succession a bien été assurée. Yves Saint Laurent reprend les rênes de la maison en 1957 et nous savons tous quel magnifique travail il y a fait. Puis, s’en sont suivis plusieurs autres directeurs artistiques, tous plus talentueux les uns que les autres: Marc Bohan, Gianfranco Ferré, John Galliano, Raf Simons, et, aujourd’hui, Maria Grazia Chiuri. Chaque couturier apporte sa touche personnelle tout en gardant intacte l’empreinte laissée par Monsieur Christian Dior.